Stress, burnout, RPS… quel que soient les mots utilisés pour décrire un malaise ou un ressenti envers leur travail que des collaborateurs ne savent pas toujours exprimer, ces mots disent à eux seuls tout ce qui n’a pas été entendu ou compris jusque-là. Nous parlons bien du travail, de ses conditions d’exécution et des multiples relations qui se nouent et se dénouent en milieu professionnel (relation client, relations entre collègues, relations avec la hiérarchie).
RPS hier, syndrome d’épuisement professionnel aujourd’hui, l’objectif est de remettre le travail au cœur du débat, de s’intéresser dans un service, un atelier, un bureau, à ce que chaque collaborateur, collègue accomplit au quotidien, pour pouvoir agir en prévention. Quelque soit la structure, c’est en repérant et en agissant sur les facteurs de RPS que l’on prévient le burnout.
Concrètement, le burnout, de quoi parle-t-on ?
Christina Maslach (psychologue) et Michael Leiter (chercheur) décrivent le burnout au travers de « l’écartèlement entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. Il représente une érosion des valeurs, de la dignité, de l’esprit et de la volonté — une érosion de l’âme humaine. C’est une souffrance qui se renforce progressivement et continûment, aspirant le sujet dans une spirale descendante dont il est difficile de s’extraire… Qu’arrive-t-il lorsque le burnout vous gagne ? En fait, trois évènements surviennent : vous vous sentez chroniquement épuisé ; vous devenez cynique et vous détachez de votre travail ; et vous vous sentez de plus en plus inefficace dans votre job. »
Ayala Pines (psychologue) et Eliot Aronson (psychologue) présentent le burnout comme la phase finale d’un processus en tant « qu’état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une longue exposition à des situations exigeant une implication émotionnelle importante » ou comme « un processus où se retranche un collaborateur jusqu’ici impliqué, en réaction aux exigences et au fardeau de son travail ». Le burnout est un concept mouvant aux multiples définitions dont aucune ne peut prétendre en faire la synthèse.
Comment se manifeste le burnout ?
De nombreuses recherches ont démontré que le burnout se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.
En effet, les recherches ont permis de concevoir le burnout comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :
- L’épuisement émotionnel : la première dimension et la plus centrale est l’épuisement émotionnel, psychique et physique (avoir le sentiment d’être totalement vidé de ses ressources).
- Le cynisme vis-à-vis du travail : c’est la seconde dimension du burnout. L’attitude du collaborateur devient négative, dure, détachée, vis-à-vis de son travail et de ses collègues, managers, clients, etc.). Progressivement, l’individu se désengage de son travail, de l’entreprise dans laquelle il évolue. Une barrière entre lui et les autres se dresse.
- La diminution de l’accomplissement personnel au travail : dans cette troisième dimension, le burnout se caractérise par une perte de l’accomplissement personnel, une dévalorisation de soi, traduisant à la fois pour le collaborateur le sentiment d’être inefficace dans son travail et de ne pas être à la hauteur du poste.
Quels sont les symptômes constituant le burnout ?
Le burnout peut se traduire cumulativement de cinq manières sur le collaborateur, par des :
- Manifestations émotionnelles telles que des peurs mal définies et des tensions nerveuses. Elles se caractérisent également par une humeur triste ou un manque d’entrain. Le collaborateur devient irritable, tendu ou hypersensible ;
- Manifestations physiques telles que des troubles du sommeil et des tensions musculaires. Des maux de têtes, des nausées, des vertiges sont également observés.
- Manifestations cognitives comme la diminution de la concentration, des difficultés à réaliser plusieurs tâches à la fois, à nuancer, à prendre des décisions.
- Manifestations comportementales ou interpersonnelles telles qu’un repli sur soi, un isolement social, un comportement agressif, parfois violent, traduisant une diminution de sa tolérance à la frustration qu’il ressent professionnellement.
- Manifestations motivationnelles telles qu’un désengagement progressif vis-à-vis de son travail, une baisse de motivation et un moral en berne s’accompagnant d’un effritement des valeurs associées au travail.
Comment prévenir le burnout ?
Les travaux et les recherches ont permis d’identifier des facteurs favorisant le burnout. Cependant, chaque situation reste particulière. Il n’est donc pas possible d’identifier tous les facteurs possibles pouvant prévenir le burnout. Néanmoins, il existe des pistes d’actions et des signaux collectifs et individuels qu’il faut prendre en compte pour prévenir le burnout et l’éviter.
Voici quelques recommandations de l’INRS pour prévenir les RPS afin d’éviter le burnout ?
- Évaluer au plus près du travail, par métier ou unité de travail, les six familles de facteurs de RPS.
- Réguler collectivement des dysfonctionnements, possibles sources de RPS, en agissant sur l’organisation et les relations de travail, notamment.
- Évaluer les contraintes de temps, les urgences, etc., et réguler la charge de travail, notamment afin de maintenir un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
- Engager une réflexion sur les moyens de discuter des critères de qualité du travail pour l’ensemble des travailleurs.
- Développer le soutien aux travailleurs (par l’instauration de groupes d’expression entre pairs, par exemple).
- Développer toutes les formes de reconnaissance et de rétribution du travail (financière, symbolique, statutaire, etc.), veiller à l’équité et lutter contre toute forme d’injustice.
- Donner des marges de manœuvre au travailleur en le positionnant comme un acteur de confiance prenant part au fonctionnement de l’entreprise ou de la structure considérée.
- Informer et former les travailleurs sur le burnout, la prévention des RPS et l’existence d’un réseau mobilisable d’acteurs de prévention (internes et externes à l’entreprise).