Dans un monde du travail en constante évolution, les entreprises se trouvent face à un défi de taille : fidéliser les jeunes talents de la génération Z, qui possèdent des compétences spécifiques et rares sur le marché du travail. Cette génération, souvent perçue comme volatile et peu engagée, redéfinit les contours de la fidélité au sein des organisations. Pour les entreprises, il devient crucial de comprendre et d'adopter de nouvelles approches pour attirer et retenir ces jeunes collaborateurs.
Traditionnellement, la fidélité en entreprise était associée à la longévité dans une même organisation. Cependant, avec l'émergence de la génération Z, cette notion évolue vers une forme de fidélité plus fluide, centrée sur l’esprit d’équipe, la diversité des expériences, et l’alignement des valeurs personnelles avec celles de l’entreprise. Il est donc légitime de se demander si cette génération n'est pas en train de créer une nouvelle forme de fidélité, plus adaptée à la réalité actuelle du marché du travail.
Les Z, une génération de « Zappeurs » et de « Slasheurs »
La génération Z est souvent qualifiée de « zappeurs » ou de « slasheurs », des jeunes adeptes du changement constant et du court terme. Cette caractéristique représente un défi pour les dirigeants, qui peinent à les fidéliser. Selon une enquête récente réalisée par IPSOS-CESI en juin 2024, 72 % des dirigeants estiment que les moins de 30 ans sont moins fidèles à leur entreprise que les générations précédentes, tandis que 57 % pensent qu'ils sont moins investis dans leur travail.
Cependant, cette perception mérite d'être nuancée. Contrairement à l'idée répandue d'une démission silencieuse, les jeunes de la génération Z accordent autant d'importance au travail que leurs aînés. En effet, 47 % des moins de 30 ans considèrent le travail aussi important que les autres aspects de la vie, un chiffre comparable à celui des générations plus âgées.
Face à cette nouvelle donne, il devient nécessaire de redéfinir l’engagement des jeunes collaborateurs. Loin d’une fidélité linéaire, leur attachement à une entreprise repose désormais sur plusieurs dimensions, que les employeurs doivent comprendre pour pouvoir les engager durablement.
Les cinq dimensions de la nouvelle fidélité
Une étude qualitative menée auprès de jeunes collaborateurs, de managers et de représentants des ressources humaines a révélé cinq dimensions majeures de la fidélité selon la génération Z : émotionnelle, sociale, collaborative, intrapreneuriale et éthique. Ces dimensions remettent en cause le modèle tridimensionnel traditionnel d’Allen et Meyer, souvent utilisé pour évaluer l'engagement des employés.
- La dimension émotionnelle : La génération Z cherche un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Leur engagement envers une entreprise est souvent influencé par leur bien-être général et leur capacité à concilier leurs aspirations personnelles avec leurs responsabilités professionnelles.
- La dimension intrapreneuriale : Les jeunes talents souhaitent être acteurs de leur développement professionnel. Ils sont motivés par l’innovation et l'opportunité de participer activement à des projets qui leur permettent d'acquérir de nouvelles compétences et d'évoluer au sein de l'entreprise.
- La dimension éthique : Pour la génération Z, les valeurs de l’entreprise jouent un rôle crucial. Ils recherchent une adéquation entre leurs propres convictions et celles de l'organisation, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale.
- La dimension sociale : L’esprit d’équipe est fondamental pour ces jeunes. Ils cherchent à s’intégrer dans des communautés au sein de l'entreprise où ils peuvent partager des expériences et des connaissances, créant ainsi un sentiment d’appartenance fort.
- La dimension collaborative : Au-delà de l’intégration dans une équipe, la génération Z valorise les interactions collaboratives. Ils souhaitent travailler de manière agile, apprendre en faisant et développer des compétences en échangeant avec leurs collègues.
Capitaliser sur le potentiel des jeunes collaborateurs
Pour fidéliser cette génération, les entreprises doivent aller au-delà des approches traditionnelles. En créant des communautés internes où les jeunes collaborateurs peuvent s’exprimer, prendre des initiatives et exploiter pleinement leur potentiel, les organisations favorisent leur engagement et leur loyauté. Ce processus d'« empowerment » permet aux jeunes de se sentir valorisés et investis dans des sujets qui leur tiennent à cœur, qu'ils soient sociaux, économiques, politiques ou environnementaux.
La fidélisation de la génération Z est essentielle non seulement pour le renouvellement des compétences au sein des organisations, mais aussi pour accélérer la transformation digitale des entreprises. Ces jeunes collaborateurs, avec leur appétence pour l’innovation et leur désir de changement, sont des acteurs clés de cette transformation. En leur offrant un environnement propice à leur épanouissement et en les intégrant dans des projets à fort impact, les entreprises peuvent non seulement les fidéliser, mais aussi les transformer en véritables ambassadeurs de leur marque.
Fidéliser la génération Z représente un défi majeur pour les entreprises et les managers. Il s'agit d'une génération qui redéfinit les codes de l'engagement en entreprise, privilégiant l'alignement des valeurs, la collaboration, et l'innovation. En comprenant ces nouvelles attentes et en adaptant leurs pratiques, les organisations peuvent non seulement retenir ces jeunes talents, mais aussi les motiver à s'investir pleinement dans la réussite de l'entreprise. La fidélité de la génération Z ne se mesure plus en années de service, mais en qualité d'expérience partagée au sein d'une communauté dynamique et engagée.
