Après ce confinement, les entreprises seront confrontées à un double enjeu, à la fois économique, mais également humain.
Cette mesure soudaine prise par le gouvernement pour endiguer l’expansion du COVID-19 représente un double choc d’offre et de demande touchant un grand nombre de secteurs d’activité. Selon les instituts de conjoncture économique, les faillites des entreprises risquent d’augmenter de 15% en France dans les prochains mois (Baromètre risque Pays et secteurs de COFACE For Trade). Dès le déconfinement, elles seront dans une course à la performance sans précédent pour rattraper les pertes subies et tenter de survivre face aux risques économiques. L’autre enjeu tout aussi important pour les entreprises sera de préserver le capital l’humain.
Un fort enjeu humain
Selon le sondage Empreinte Humaine et Opinion Way sur l’état psychologique des salariés français, 44% des salariés présentent de la détresse psychologique. En effet, durant cette période de confinement, la fatigue psychologique, physique et émotionnelle s’est fait ressentir. Des réactions psychologiques perdureront à la sortie du confinement avec des risques de démotivation, de frustration, de colère et de critique systématique de l’organisation.
44%
des salariés présentent de la détresse psychologique
27%
vivent une détresse psychologique modérée
18%
vivent une détresse psychologiquement élevée
Quelles sont les pistes de réflexion pour les entreprises pour préserver les talents ?
1ère piste - Construire une politique de bien-être au travail permettra de réduire les risques psychosociaux et d’agir sur le climat collectif et sur la motivation dans le travail.
Pour nous, la notion de bien-être au travail fait référence à un sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans et par le travail. C’est à la fois une perception personnelle et collective des situations et des contraintes du monde professionnelle. Le sens de ces réalités a, pour chacun, des conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles et psychosociales et se traduit par un certain niveau d’efficacité pour l’entreprise.
Cette démarche de construire une politique de bien-être au travail impose une posture d’écoute des salariés dès la sortie du confinement sur les facteurs organisationnels : la définition des tâches, le sens du travail, la répartition de la charge de travail, les relations entre les collègues et avec la hiérarchie...
2ème piste – Pour faire face aux nombreuses incertitudes, tant économiques que managériales, nous conseillons d’utiliser des espaces de discussions. Dans ce contexte, la parole de toutes et tous revêt une importance primordiale. Le déploiement des espaces de discussion répond à une demande d’expression très forte des salariées pendant et après le confinement. Chacun peut dire ce qu’il pense et s’exprimer à propos de sa situation, mais attention, un espace de discussion ne s’improvise pas et il faut des règles d’usages pour obtenir des résultats tangibles. De quoi avons-nous envie pour demain ? Quels apprentissages pour demain ? Comment ferions-nous si nous devions rejouer la partie ? Qu’avons-nous à construire ? Autant de questions qui peuvent être traitées dans les espaces de discussion afin d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise.
3ème piste – Le retour sera compliqué pour certain au vue des chiffres du sondage Empreinte Humaine et Opinion Way. Pour les équipes qui se sont retrouvées en télétravail imposé, un enjeu important pour les entreprises sera la prévention de l’épuisement professionnel. Elle se caractérise par trois dimensions : l’épuisement émotionnel, déshumanisation de la relation à l’autre et le sentiment de non-accomplissement personnel au travail. Les entreprises vont devoir accompagner individuellement les salariés qui le souhaitent afin qu’ils échangent sur leurs peurs, leurs inquiétudes, leurs stress, leur état d’esprit et leur ressenti.
Pour survivre après ce confinement, les entreprises auront donc une double bataille. Défendre leurs intérêts économiques et prendre en compte la forte dimension humaine si elles ne veulent pas constater une augmentation du turn-over, de l’absentéisme et de la perte de motivation.